lundi 7 mars 2016

Certaines n'avaient jamais vu la mer

Julie Otsuka
Éditions 10/18
139 pages

« Ces Japonaises ont tout abandonné au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis, sur la foi d'un portrait, un inconnu. Celui dont elles ont tant rêvé, qui va tant les décevoir. Choeur vibrant, leurs voix s'élèvent pour raconter l'exil: la nuit de noces, les journées aux champs, la langue revêche, l'humiliation, les joies aussi. Puis le silence de la guerre. Et l'oubli.»

Mon avis


8.5/10

Ce court roman fut une belle découverte, autant par son écriture et son style que par son sujet. C'est plutôt particulier: la narration est à la première personne du pluriel. On raconte l'histoire de femmes japonaises parties tenter leur chance en Amérique en allant y épouser un homme dont elles ne connaissent rien. Une vie plus difficile qu'elles ne se l'imaginaient les y attendait. Ce sont donc ces femmes qui prennent toutes ensemble la parole pour raconter leurs histoires. Il n'y a donc pas vraiment de personnages dans ce texte. Il y en a en fait une multitude, interchangeables et fusionnés les uns aux autres.

Je me suis dit après les premières pages que ce style risquait d'être lourd. Cela n'a cependant pas du tout été le cas et j'ai beaucoup apprécié cette touche très originale. L'auteure a un énorme talent pour avoir su jouer avec la narration de cette façon. J'ai aussi trouvé que ce style fonctionnait particulièrement bien avec l'histoire. Les Japonaises du roman sont décrits comme discrètes, travaillantes et paisibles. Le fait que ces femmes prennent la parole toutes ensemble ainsi rejoint un peu ces caractérise, comme si elles voulaient raconter sans déranger, sans chacune s'affirmer haut et fort.

Le sujet m'a aussi beaucoup touchée. Je connaissais quelques caractéristiques du peuple traditionnel japonais, mais j'ai adoré m'y plonger et en apprendre plus à travers cette histoire. C'est aussi un récit qui traite d'un sujet plus lourd: le racisme. On parle très souvent du racisme envers les personnes noires aux États-Unis, mais plus rarement de celui vécu par les Asiatiques vers la même époque. En plus de ne pas être pleinement accueillis, ils ont aussi été persécutés durant la Seconde Guerre mondiale, car on les soupçonnait de fraterniser avec l'ennemi.

Bref, un roman touchant avec une narration bien particulièrement qui est en harmonie totale avec le récit. C'est tout court et cela vaut la peine d'y jeter un oeil!


3 commentaires:

  1. J'en avais vaguement vu passer la couverture sans jamais m'y intéresser. Toutefois, ta chronique m'a donné envie de le découvrir ;)

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  2. Je ne connaissais pas du tout, mais tu me fais drôlement envie avec cette chronique! En plus, il est court, c'est le genre de petite lecture que j'aime bien entre deux gros pavés de fantasy: rapide et qui nous fait revenir sur terre... Ma wish-list te remercie (ou pas =p).

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  3. Je l'avais lu en 2014. Jadis... franchement j'en garde un bon souvenir, une lecture rapide, mais qui ne m'a pas marqué plus que ça...

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